Banalisé, stigmatisant, méconnu,… : état des lieux du sida en Afrique


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L’Afrique est le continent le plus touché par le virus du VIH. Près de 800.000 personnes en sont mortes, en 2015, révèlent les chiffres de l’ONUSIDA. Un fléau lié, en grande partie, à la pauvreté des pays les plus touchés.

Le nombre de personnes vivant avec le sida en Afrique occidentale et centrale augmente chaque année, pour atteindre plus de 6.5 millions en 2015.

Pour plus de 400.000 nouveaux cas d’infections par le VIH, plus de 300.000 individus en meurent, tous les ans, dans cette région de l’Afrique, indiquent les chiffres de l’ONUSIDA.

Cette tendance s’explique, en partie, par la pauvreté des pays touchés. « Il y a inéluctablement une corrélation entre ces deux facteurs », affirme Jean-Paul Enama, responsable du dépistage de l’association Humanity First, basée au Cameroun.

« Les pays pauvres ne sont pas à même de prendre gratuitement en charge les personnes porteuses du virus. Les personnes pauvres n’ont pas accès aux nouvelles technologies de prévention comme la Prep (prophylaxie pré-exposition) et le PEP (prévention post-exposition). D’une manière générale, un pays pauvre a du mal à mettre en place une bonne politique pour un accès équitable aux soins pour ses populations », précise-t-il.

« Le lien entre pauvreté et VIH/SIDA est établi », confirme Regine Cheuka, membre de la direction exécutive de l’association Positive Generation, elle aussi basée au Cameroun.

« Si l’on superpose la carte des pays pauvres et celle des pays à forte séroprévalence de l’infection à VIH, on remarque très vite que les pays pauvres sont ceux qui subissent le plus le poids de cette épidémie », analyse-t-elle.

Attitudes et pratiques à risque

Conséquence ? « La pauvreté ambiante et les ressources limitées poussent les populations à adopter des attitudes et pratiques à risque. Sur un autre plan, les systèmes de santé de ces pays ne sont pas assez performants pour faire face à la propagation de l’épidémie », assure Regine Cheuka.

Une riposte efficace face au VIH passe de manière irrémédiable par le développement économique, Regine Cheuka, membre de la direction exécutive de l’association Positive Generation

Les populations à risques, comme les travailleurs du sexe et les homosexuels, sont les premières à être exposées au virus et à le propager.

« La grande partie des jeunes filles au Burkina Faso qui s’adonnent à la prostitution le font à cause de la pauvreté. Face à cette pauvreté, certaines travailleuses du sexe acceptent parfois des rapports sans aucune protection et cela augmente leur risque d’infection face au sida. Etant donné que ces filles sont le plus souvent mobiles et qu’elles se déplacent de villes en villes, parfois de pays en pays, elles augmentent le risque de propagation du VIH », raisonne Tiraogo Birba, président de l’Association Liaison Universelle pour le Bien-être des Enfants et des Jeunes (ALUBJ), basée au Burkina Faso.

L’ignorance, un facteur de propagation du sida

Si la pauvreté est un facteur de propagation, l’absence d’information en est un autre.

« Les travailleuses du sexe ne sont pas reconnues au Burkina Faso, où cette activité est considérée comme anormale. Elles doivent faire face à la stigmatisation et la marginalisation, non seulement sur leur lieu de travail mais également au niveau de certains centres de santé. Ce qui ne facilite pas les actions [de prévention] », détaille Tiraogo Birba.

Ajoutant que « l’analphabétisme » et « l’ignorance des jeunes filles nouvellement recrutées » contribuent à augmenter les risques de contracter le virus, du fait de leur « ignorance sur les mesures préventives ».

« On observe un relâchement au niveau de la prévention en général et auprès des jeunes en particulier », remarque Regine Cheuka de l’association camerounaise. « Les programmes de prévention développés à l’intention des populations vulnérables et passerelles restent insuffisants. L’accès à l’information pour les jeunes et les couches défavorables reste par conséquent problématique », déplore-t-elle.

L'association Positive Generation lors d'une séance de prévention. (Photo : Association Positive Generation)
L’association Positive Generation lors d’une séance de prévention. (Photo : Association Positive Generation)

Le sida banalisé au Cameroun

Si les populations ont des difficultés à obtenir des informations sur les méthodes préventives, c’est notamment en raison d’un manque de volonté de leur part.

Au Cameroun, « les gens n’ont plus cette « peur bleue » de la maladie, et, du coup, ne prennent pas suffisamment tous les moyens de protection disponibles. Les jeunes, qui sont les premières victimes, ne sont pas toujours au fait des informations de prévention, accessibles dans les formations sanitaires et les associations de lutte contre le VIH qu’ils fréquentent très peu », regrette Jean-Paul Enama.

« Dans la population homosexuelle, où on a une prévalence de 44% contre 4,3% dans la population générale, le phénomène trouve une explication dans la stigmatisation et la discrimination sociale qu’ils subissent. Les messages de prévention sont hétérocentrés et font qu’ils ne se sentent pas directement concernés par cette infection. Nous avons également constaté que la majorité évolue dans des réseaux (pratique le multipartenariat) et est exposée à des foyers infectieux », témoigne le responsable du dépistage de l’association Humanity First.

Les femmes enceintes porteuses du sida font également partie des groupes à risques. En plus des difficultés « liées à l’accès à l’information de qualité et à leur statut socioéconomique, le principal défi porte sur la faible adhésion de ces dernières aux consultations prénatales et la capacité du système de santé à leur fournir un accompagnement adéquat sur l’ensemble du territoire », regrette Regine Cheuka.

« Seule une franche marginale de la population camerounaise connait son statut sérologique. La peur de la stigmatisation et le déni de l’ampleur de la maladie sont aussi des facteurs qui concourent à la propagation du VIH/SIDA au sein de la population », résume-t-elle.

Un problème de mœurs et de culture

La Côte d’Ivoire, avec ses presque 24 millions d’habitants et ses 1.400$USD de PIB par habitant, est « le poumon économique de la sous-région », informe Jules Gotre, membre de l’association AMEPOUH, basée en Côte d’Ivoire.

Pourtant, « elle est le pays le plus touché » par le virus du sida. Si les chiffres de l’ONU ne confirment pas ces propos, ils mettent en évidence la propagation du VIH parmi les populations. En 1990, 210.000 Ivoiriens avaient le sida. En 2015, ils étaient plus du double.

Le problème majeur reste les « mœurs et la culture », indique Jules Gotre. « Les populations clés n’utilisent pas correctement les préservatifs. Les gens vous fixent des rendez-vous [dans les centres de prévention] qu’ils ne respectent pas… Tout est mis en œuvre pour que ces populations changent de comportement face aux méthodes de prévention », confie le membre de l’association AMEPOUH.

Problème ? Elles « pensent que ces méthodes, dont le préservatif, sont un mode de vie et que chacun est libre », regrette-t-il.

D’un côté, la pauvreté entraîne des difficultés d’accès au soin et un manque d’information. De l’autre, certaines pratiques tendent à banaliser le virus du sida et à stigmatiser les porteurs de la maladie. De nombreuses démarches sont déjà mises en oeuvre mais contrairement à la propagation du virus, la prévention prend du temps, et elle coûte de l’argent.

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